diff --git a/argumentaire_faecum/Logiciels_Libres.tex b/argumentaire_faecum/Logiciels_Libres.tex index 3965572..8015c20 100644 --- a/argumentaire_faecum/Logiciels_Libres.tex +++ b/argumentaire_faecum/Logiciels_Libres.tex @@ -1,14 +1,14 @@ \section{Logiciels libres} %Definir ce qu'est un logiciel libre -\subsection{Qu'est-ce que c'est?} +\subsection{Qu'est-ce que c'est ?} De façon générale, un \emph{logiciel} est un ensemble de données, de programmes et de documents destinés à accomplir une certaine tâche. Il existe des logiciels pour traiter du texte, gérer des tableaux de données, dessiner par ordinateur, etc. Plusieurs de ces logiciels sont développés par des entreprises qui les -rendent accessibles aux utilisateurs sous des licences restrictives et -moyennant le paiement de sommes parfois très élevées. +rendent accessibles aux utilisateurs sous licence et +moyennant un paiement. D'autres logiciels sont disponibles gratuitement pour le grand public. Il existe plusieurs types de logiciels, dont les applications, les @@ -53,18 +53,18 @@ sous laquelle ils sont distribués. \item[Libre] Aussi appelé \angl{free} en anglais, le logiciel libre, que nous allons étudier plus en profondeur ici, peut être utilisé, modifié et distribué sans restriction. -Comme nous allons le voir, c'est beaucoup plus qu'un logiciel gratuit! +Comme nous allons le voir, c'est beaucoup plus qu'un logiciel gratuit ! \end{description} Plus précisément, un logiciel \emph{libre} répond aux quatre caractéristiques suivantes. \begin{enumerate} -\item Il peut être utilisé par toute personne ou organisme, sans +\item Il peut être utilisé par toute personne ou tout organisme, sans restriction. En particulier, un logiciel libre peut être employé autant pour un usage personnel que commercial. \item L'utilisateur d'un logiciel libre dispose du droit de le - distribuer à tout autre personne ou organisme. + distribuer à toute autre personne ou tout autre organisme. \item Le code source du logiciel, c'est-à-dire les documents lisibles par l'être humain à partir desquels une @@ -93,7 +93,7 @@ de télécharger le produit souhaité et de l'utiliser, sans devoir payer de redevance à son fabricant ou se soumettre à un contrat de licence long et restrictif. Par contre, les avantages des logiciels libres vont bien au-delà de la -simple réduction des coûts~\cite{PFA07}: une plus grande robustesse, +simple réduction des coûts~\cite{PFA07} : une plus grande robustesse, une meilleure sécurité, un soutien technique simplifié, etc. % Pour plusieurs points, ce n'est pas systématique : il peut très bien @@ -102,10 +102,20 @@ une meilleure sécurité, un soutien technique simplifié, etc. % mécaniquement, si c'est libre c'est plus sûr. -- Pascal \paragraph*{Robustesse.} -Puisque le code source du logiciel peut être librement téléchargé et +Il est très courant d'observer des anomalies de fonctionnement dans +son logiciel préféré. L'utilisateur est la plupart du temps impuissant +devant ce phénomène, car seul le fabricant peut modifier le logiciel +mais consacre habituellement le gros de +ses ressources au développement de versions +futures de ses logiciels. Acheter la prochaine version devient alors +la seule solution disponible pour l'utilisateur si le problème ne peut +pas être contourné. +Puisque le code source d'un logiciel libre peut être +téléchargé et consulté, plusieurs personnes sont susceptibles de l'examiner. Cela permet de mieux cerner les bogues et ainsi d'améliorer la robustesse -du produit. +du produit. L'équipe de développeurs se trouve ainsi élargie par +rapport à un logiciel propriétaire. Cette accessibilité du code source est sans nul doute à l'origine de la grande robustesse du système d'exploitation \linux\ qui s'exécute de nos jours sur un grand nombre de serveurs hébergeant des sites web @@ -134,29 +144,38 @@ fonder sur des hypothèses plus fortes que le secret, ce qui accroît la sécurité. \paragraph*{Pérennité du logiciel.} -L'utilisateur peut continuer à employer un logiciel libre, même si ce -dernier n'est -plus développé par son fabricant. Un logiciel libre ne «~meurt~» -pas; il continue toujours d'exister et son développement peut être -repris par toute personne désireuse de le faire. -Par opposition, si une entreprise cesse de développer un logiciel dont +Si une entreprise cesse de développer un logiciel dont elle détient jalousement le code source, plus personne ne peut -poursuivre le développement si bien que l'utilisateur est contraint de -changer de logiciel si l'entreprise cesse de le maintenir. +poursuivre le développement de ce logiciel si bien que le produit +meurt. +L'utilisateur est alors contraint de +changer de logiciel si la version actuelle n'est pas compatible avec +sa nouvelle configuration, si la licence interdit de continuer à +l'utiliser ou s'il a besoin d'une fonctionnalité qui est absente. +Par opposition, +l'utilisateur peut continuer à employer un logiciel libre, même si ce +dernier n'est +plus développé par son fabricant. Aucune restriction légale ne lui +empêche de le faire, mais des problèmes de compatibilité peuvent bien +entendu survenir. +Par contre, un logiciel libre ne «~meurt~» +pas ; il continue toujours d'exister et son développement peut être +repris par toute personne désireuse de le faire, y compris un fervent +utilisateur. \paragraph*{Liberté de mise à jour.} -Si la version actuelle de son logiciel préféré lui convient -parfaitement, l'utilisateur n'est pas obligé, lorsqu'une nouvelle -version voit le jour, de l'adopter. -D'un autre côté, l'utilisateur désireux de suivre l'évolution de son -logiciel préféré peut le faire sans autre coût que le téléchargement -et l'installation de mises à jour. -Dans le cas de logiciels commerciaux, l'utilisateur peut être tenu d'adopter -les nouvelles versions et de -faire évoluer son matériel en conséquence, et son refus de le faire -ne lui cause que des désagréments. -Les organismes qui paient des coûts annuels pour renouveler des -licences peuvent quant à eux être forcés de faire la mise à jour si le +L'utilisateur peut être +contraint d'adopter les nouvelles versions de son logiciel favori et +de faire évoluer son matériel en conséquence, ce qui occasionne +évidemment des coûts. +Celui qui ne se soumet pas à cette contrainte d'évolution +subit des désagréments comme l'impossibilité d'ouvrir des documents +produits par des nouvelles +versions, la cessation de mises à jour de sécurité, etc. +Pire encore, +les organismes qui paient des coûts annuels pour renouveler des +licences peuvent même être forcés légalement de faire la mise à jour +si le concepteur décide de ne plus renouveler leur contrat de licence. %Prenons par exemple le système d'exploitation \msw. %L'utilisateur particulier disposant d'une copie de Windows~98 peut @@ -167,13 +186,28 @@ concepteur décide de ne plus renouveler leur contrat de licence. %\ms. %Son seul recours est alors de mettre son système d'exploitation à %jour. -Avec les logiciels libres, l'utilisateur met son produit à jour -\emph{au besoin}, il est \emph{libre} de le faire à sa convenance. +D'un autre côté, +si la version actuelle de son logiciel libre préféré lui convient +parfaitement, l'utilisateur n'est pas obligé, lorsqu'une nouvelle +version voit le jour, de l'adopter. +Mais celui désireux de suivre l'évolution de son +logiciel peut le faire sans autre coût que le téléchargement +et l'installation de mises à jour. +Ainsi, +avec les logiciels libres, l'utilisateur met son produit à jour +\textbf{au besoin}, il est \textbf{libre} de le faire à sa convenance. \paragraph{Égalité des chances en éducation.} -Du côté scolaire, il est avantageux d'utiliser des logiciels libres -pour permettre à tout étudiant d'y avoir accès. -Toute personne disposant chez elle d'un ordinateur peut alors +Bon nombre d'étudiants se voient contraints de faire l'achat de +logiciels pour leurs cours, parfois à coûts réduits si des ententes +préalables ont été établies entre l'université et les fabricants. Ceux +qui n'ont malgré tout pas les moyens de se procurer les logiciels doivent +travailler uniquement à l'université, installer des copies piratées des +logiciels requis sur leurs ordinateurs personnels ou utiliser +d'anciennes versions à leur disposition. +D'un autre côté, +quand la formation exige principalement des logiciels libres, +toute personne disposant chez elle d'un ordinateur peut télécharger et installer les logiciels dont elle a besoin pour sa formation. Cela évite des coûts pour les étudiants, mais aussi pour l'université @@ -184,9 +218,17 @@ d'étudiants peuvent travailler chez eux ou avec leur ordinateur portable. \paragraph{Soutien technique.} -Les logiciels libres diminuent également le coût du soutien technique. -D'abord, la robustesse de ces logiciels diminue les coûts de -maintenance, permettant aux techniciens de se consacrer à des tâches +Une grande partie du travail du personnel de soutien technique +consiste à administrer les serveurs et à résoudre divers problèmes +techniques. Leur tâche se voit alourdie par l'impossibilité de savoir +exactement comment fonctionnent les produits, la nécessité de trouver +des parades à des bogues qui ne seront corrigés que dans quelques +années, dans des versions futures des logiciels, et la nécessité de +supporter de multiples versions des logiciels. +Avec tout ce travail, il ne reste pas beaucoup de temps aux +techniciens pour aider les usagers. +D'un autre côté, la robustesse des logiciels libres diminue les coûts +de maintenance, permettant aux techniciens de se consacrer à des tâches plus intéressantes telles que l'apprentissage de nouvelles technologies et l'assistance aux employés et aux étudiants. De plus, les techniciens ont moins besoin de traiter les détails @@ -195,20 +237,21 @@ technique avec une ancienne version, une mise à jour vers la plus récente version, toujours possible sans coût, permet soit de résoudre la difficulté, soit de donner aux techniciens les outils pour la traiter. - \subsection{Philosophie du Libre} Beaucoup de gens se demandent comment «~vit~» un logiciel libre. Il existe en fait plusieurs processus de développement pour un tel produit. -Dans le mode le plus simple et à première vue - le moins prometteur, un programmeur +Dans le mode le plus simple, un programmeur amateur construit un logiciel pour résoudre un problème précis et décide de le mettre à la disposition de tous les utilisateurs en le -publiant sur Internet. -Souvent, un tel logiciel évolue peu. -Par contre, une personne ou un organisme désireux de faire évoluer le -logiciel peut le télécharger et le modifier. +publiant sur Internet. Le développement d'un tel logiciel peut par +exemple avoir lieu dans le cadre d'un projet de recherche +universitaire. +Même si la personne qui a construit la première version du logiciel +décide de ne plus travailler sur ce dernier, +une autre personne ou un organisme désireux de faire évoluer le +logiciel peut le télécharger et le modifier à sa guise. Le système d'exploitation \linux\ a par exemple débuté de cette façon. D'autres logiciels libres proviennent de produits commerciaux que @@ -222,7 +265,7 @@ habituellement le droit d'en faire des versions non libres plus étendues, mais la version libre demeurera toujours disponible. Maintenant, comment un informaticien peut-il faire de l'argent avec un -logiciel libre? À première vue, cela semble difficile. +logiciel libre ? À première vue, cela semble difficile. Par contre, supposons qu'une entreprise éprouve un besoin particulier qu'aucun produit sur le marché ne puisse combler. Cette entreprise engagera alors un informaticien pour développer une @@ -277,7 +320,8 @@ portabilité, c'est-à-dire qu'ils sont disponibles autant pour Suite bureautique comportant un traitement de texte, un tableur, un concepteur de diaporamas, etc., et utilisant un format de documents ouvert appelé - OpenDocument (voir section~\ref{sec:ofmtex}), mais il peut également + \textsc{OASIS OpenDocument} (voir section~\ref{sec:ofmtex}), mais il + peut également lire et écrire des fichiers dans le format de \mso\ 95/97/2000/XP/2003. \item[\soft{The GIMP}] \cite{Gimp} @@ -368,7 +412,7 @@ de licence annuel pour \soft{Office}~97 si bien qu'ils devaient passer la licence. Au lieu de former les employés à \soft{Office}~2003, ils les ont formés à \ooo, ce qui a donné des résultats fructueux. Dans le cas du ministère des Finances, l'objectif n'était pas d'économiser -de l'argent, et pourtant, ils en ont économisé malgré tout! +de l'argent, et pourtant, ils en ont économisé malgré tout ! \subsection{Le problème de la formation} @@ -394,24 +438,29 @@ libérer de ce mythe selon lequel il est nécessaire d'apprendre et utiliser les logiciels propriétaires puisqu'ils sont employés partout dans l'industrie. La formation ne devrait pas cibler un logiciel particulier, mais plutôt -des concepts généraux: comment utiliser un traitement de texte, comment -maîtriser un tableur, etc.? +des concepts généraux : comment utiliser un traitement de texte, comment +maîtriser un tableur, etc. ? Le logiciel employé pour la formation ne devrait être qu'un exemple appuyant le concept, pas le concept lui-même. Par contre, il ne faut pas tomber dans l'autre extrême en remplaçant tous les logiciels propriétaires par des logiciels libres du jour au lendemain. -L'idée ici ne consiste pas à bannir les produits \mso\ mais plutôt à +L'idée ici ne consiste pas à bannir ces produits commerciaux mais plutôt à en faire une solution parmi tant d'autres plutôt que \emph{la} seule et unique solution. -Mais l'utilisateur choisissant un logiciel propriétaire doit le faire +En d'autres mots, +l'utilisateur choisissant un logiciel propriétaire doit le faire uniquement si le produit satisfait ses besoins. \proposition{Que l'Université de Montréal -Installe plusieurs logiciels différents sur les postes à -la disposition du personnel et des étudiants. Toute personne devrait -pouvoir choisir le logiciel qu'elle désire employer.} +installe plusieurs logiciels différents pour le traitement de texte, +la navigation sur Internet, le courrier électronique, etc. +sur les postes à +la disposition du personnel et des étudiants.} +Toute personne devrait +pouvoir choisir le logiciel qu'elle désire employer pour accomplir une +tâche donnée. À première vue, cela peut causer des problèmes de communication entre usagers, mais les formats de fichiers ouverts (voir section précédente) résolvent la question.